La CFE-CGC en congrès pour réélire Hommeril


l’express entreprise  – 07/10/19

Paris, 7 oct 2019 – La CFE-CGC se réunit mercredi et jeudi en congrès pour réélire son président, François Hommeril, détracteur du camp “réformiste”, piloté par la CFDT, et âpre contestataire des réformes de l’assurance chômage et des retraites, qui inquiètent particulièrement les cadres.

Rendez-vous est pris à Deauville (Calvados), où un millier de personnes sont attendues.

A l’ordre du jour la réélection, sans surprise, de François Hommeril, géologue de formation originaire de Rouen, âgé de 58 ans et à la tête du syndicat des cadres depuis 2016.

Seront aussi élues les nouvelles instances dirigeantes: le bureau national (11 personnes) et le comité exécutif (20 personnes). Sans surprise, là aussi, puisqu’il y a quasiment autant de candidats que de sièges.

L’enjeu n’est pas là.

“Ce sera l’occasion de montrer une CFE-CGC combattante, à un moment où les cadres sont les nouveaux boucs émissaires du gouvernement”, estime Jean-François Foucard, secrétaire national du syndicat des cadres, qui va rempiler pour un nouveau mandat au sein du bureau national.

Dans la ligne de mire de ce négociateur, les réformes de l’assurance chômage, de la formation professionnelle et celle à venir des retraites. Pour chacune, “on jette l’opprobre sur les cadres, alors que ce sont eux qui font avancer le pays”, selon lui.

Sur la réforme de l’assurance chômage, qui entre en vigueur le 1er novembre, ce qui ne passe pas, c’est la dégressivité de 30% pour les allocataires ayant perçu une rémunération mensuelle supérieure à 4.500 euros brut – au bout de six mois, donc à partir de mai 2020. Fait assez rare pour être souligné, la CFE-CGC vient de s’associer à la CGT, FO et Solidaires pour déposer un recours devant le Conseil d’Etat contre ce texte. Autre coopération inhabituelle avec la CGT: une pétition contre la dégressivité lancée en juin.

– “Tickets de rationnement”

La réforme de la formation professionnelle, surtout le compte personnel de formation (CPF), crédité en euros et non plus en heures depuis le 1e janvier, est aussi très critiquée. Ce dispositif, qualifié par François Hommeril de “carnet de tickets de rationnement”, est “totalement guidé par les lois du marché”.

La future réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron inquiète aussi, surtout après que le président de la République a annoncé fin août sa préférence pour une modulation de la durée de cotisation plutôt que de l’âge de départ.

Et même si, depuis, l’exécutif n’a eu de cesse de dire que rien n’est encore décidé et a lancé un débat sur le sujet, François Hommeril est sceptique, jugeant toujours “inutile” le projet du gouvernement d’un système “universel” par points.

“Le rapport Delevoye, basé sur 18 mois de négociation, était une bonne base. Avec la déclaration de Macron, tout est passé à zéro. A la CFE-CGC, nous considérons que si on a commencé à travailler à 25 ans, ce n’est pas juste de partir à 67!”

Plus généralement, il ne croit pas à un changement de méthode du président avec les organisations syndicales. “Avec lui, c’est +cause toujours+. Chassez le naturel, il revient au galop!”, assène M. Hommeril.

Un ton qui plaît à Jean-François Foucard. “Il y a une attente chez nos adhérents d’une parole de plus en plus forte et vraie. Et ça énerve le gouvernement!”

Enfonçant le coin, le président de la CFE-CGC a officiellement acté le 1e octobre le divorce avec le camp dit “réformiste” auquel appartient la CFDT, la CFTC et l’Unsa, favorables à la concertation et à la négociation avec l’exécutif.

Le “réformisme” suppose que “quoi qu’il arrive, on s’enlève une capacité à critiquer tel ou tel projet de réforme, ce qui ne nous paraît pas aller dans le bon sens”, souligne-t-il.

Quatrième syndicat français, la CFE-CGC a enregistré dans le privé la plus forte progression parmi les syndicats représentatifs, obtenant 10,69% des suffrages en 2017, contre 9,43% lors de la précédente mesure en 2013.

Partager cet article..